Notre portrait financier
La situation financière de Postes Canada n’est pas viable. Depuis 2018, la Société a enregistré d’importantes pertes annuelles attribuables à l’évolution rapide des secteurs de la livraison des lettres et des colis, ainsi que par des mesures réglementaires désuètes qui entravent la capacité de l’entreprise à évoluer et être compétitive.
En 2023, nous avons enregistré une perte avant impôt de 748 millions de dollars, comparativement à une perte avant impôt de 548 millions de dollars en 2022. Entre 2018 et 2023, Postes Canada a perdu 3 milliards de dollars avant impôt. Sans la mise en place de changements et de nouveaux paramètres de fonctionnement pour répondre aux défis qui se dressent devant nous, nous prévoyons des pertes plus importantes et de plus en plus insoutenables au cours des prochaines années.
Postes Canada se trouve à une étape charnière de son histoire. À mesure que les pressions financières s’intensifient, notre rôle de longue date en tant qu’infrastructure nationale publique essentielle pour la population et les entreprises canadiennes est de plus en plus menacé.
Résultat avant impôt du secteur Postes Canada
(en millions de dollars)
Détérioration de notre situation de trésorerie et de notre capacité d’emprunt
La trésorerie de la Société s’est considérablement détériorée en raison des pertes d’exploitation, des grandes cotisations aux régimes de retraite et d’avantages du personnel, et des investissements essentiels pour accroître la capacité et moderniser le réseau. La trésorerie, les équivalents de trésorerie et les titres négociables ont diminué de près de 1,2 milliard de dollars depuis 2021.
Sans emprunts et refinancements supplémentaires, nous prévoyons que nous ne serons plus en mesure de couvrir nos besoins en trésorerie d’exploitation et de réserve d’ici le début de 2025.
La Société a actuellement des prêts et des emprunts de 1 milliard de dollars, dont 500 millions de dollars seront exigibles en juillet 2025. De nouveaux emprunts et d’autres mesures d’injection de liquidités d’au moins 1 milliard de dollars seront requis pour 2025, y compris le refinancement de 500 millions de dollars d’une dette existante. Selon la situation financière actuelle, un emprunt d’au moins 1 milliard de dollars sera nécessaire en 2026 et chaque année par la suite pour maintenir nos activités et respecter nos obligations envers notre personnel.
Grand déclin du courrier et pressions sur les coûts
Pendant plus d’un siècle, les lettres ont constitué la principale source de revenus du service postal. En 2006, les volumes d’envois poste-lettres ont atteint un sommet historique avec près de 5,5 milliards de lettres livrées au Canada. Depuis, les volumes d’envois poste-lettres du régime intérieur pour le secteur d’activité Courrier transactionnel ont diminué de 60 %, et les revenus connexes ont chuté de près de 30 %. Un système conçu pour livrer 5,5 milliards de lettres par an n’est pas viable pour 2 milliards de lettres.
Les volumes d’envois poste-lettres s’élevaient à 5,5 milliards en 2006, comparativement à 2,2 milliards aujourd’hui
Nos revenus issus du courrier diminuent, mais les coûts de livraison du courrier, eux, ne cessent d’augmenter. La croissance de la population signifie que nous desservons un nombre croissant d’adresses chaque année. En 2006, nous avons desservi 14,3 millions d’adresses et en 2023, 17,4 millions.
Ce problème n’est pas propre à Postes Canada. Les administrations postales des pays développés du monde entier sont confrontées aux mêmes défis, engendrés par la croissance rapide du cybercommerce et la transformation numérique pour la clientèle et les entreprises. L’Union postale universelle estime que les revenus des envois poste aux lettres à l’échelle mondiale diminueront pour atteindre environ 29 % des revenus des services postaux d’ici 2025, comparativement à plus de 50 % en 2005.
L’augmentation du magasinage en ligne a fait augmenter les revenus du secteur d’activité Colis, mais les coûts de traitement et de livraison des colis sont substantiellement plus élevés que ceux des lettres. Les colis exigent plus d’outils technologiques, d’équipement, de balayages et de soutien pour la clientèle, et prennent plus de place dans les installations et les véhicules. De plus, la livraison d’un colis prend souvent plus de temps qu’une lettre (il faut parfois obtenir une signature, par exemple). En raison de l’augmentation des coûts et de la diminution des marges, la croissance de notre secteur Colis ne compense pas les pertes du secteur Courrier transactionnel.
En 2006, les ménages canadiens recevaient en moyenne sept lettres par semaine, comparativement à deux aujourd’hui
Réduction de nos investissements pour la transformation
En réponse à notre situation financière difficile, nous avons resserré nos dépenses d’exploitation et réduit considérablement nos investissements prévus pour la transformation. Par exemple :
- Réduire les coûts sous notre contrôle et mener nos activités avec plus de prudence. Bien que ces efforts de réduction des coûts soient essentiels compte tenu de notre situation financière, ils ne sont pas suffisants pour contrebalancer les déficits prévus.
- Continuer à mettre l’accent sur l’augmentation des revenus dans la mesure du possible dans tous les secteurs d’activité et rechercher de nouvelles sources de revenus.
- Retarder les investissements importants dans notre réseau de traitement pour des projets stratégiques à l’échelle du pays.
- Ralentir les investissements dans des initiatives sociales et environnementales clés. Cela aura une incidence sur notre service à la population canadienne et rendra plus difficile l’atteinte de nos objectifs environnementaux et le respect de leur échéancier.
Tout en surveillant de près nos dépenses, nous continuerons à investir dans notre priorité absolue : la santé, la sécurité et le bien-être de notre personnel.