Le Canada raconté par les timbres

Le Canada raconté par les timbres

Par notre programme des timbres-poste, nous jouons l’un de nos rôles les plus importants : raconter des histoires qui rapprochent les gens d’ici de leur pays et les uns des autres.

Chaque année, nous rendons hommage aux personnes, aux lieux et aux événements qui façonnent l’histoire en constante évolution du Canada, et nous mettons de l’avant la faune et les paysages emblématiques qui rendent notre pays si unique. En tant que conteurs, nous souhaitons célébrer toutes les voix qui méritent une place dans notre mémoire collective. Nous veillons également à ce qu’il y ait toujours de la place pour les histoires qui poussent le Canada à faire mieux.

Grâce à ses idées et à ses suggestions, le public canadien assure la pertinence du programme.

Le Comité consultatif sur les timbres-poste indépendant étudie toutes les soumissions, puis recommande les thèmes et les motifs. Il se compose de spécialistes en histoire et en philatélie, de designers et d’universitaires de partout au pays et d’origines ethniques, culturelles et linguistiques différentes, y compris de francophones et d’anglophones.

En 2022, nous avons produit 21 émissions, pour un total de 45 timbres. En voici quelques échantillons :

Eleanor Collins

La légende canadienne du jazz Eleanor Collins est reconnue pour sa lutte contre les préjugés.

Née à Edmonton, Eleanor Collins est, en 1955, la première artiste jazz canadienne à animer une émission de variétés nationale, The Eleanor Show. Au cours des décennies suivantes, elle participe à nombre de productions télévisées et radiophoniques. Elle reçoit plusieurs prix et distinctions pour l’ensemble de ses réalisations et devient membre de l’Ordre du Canada en 2014.

Le lancement du timbre devait avoir lieu en personne en janvier, mais en raison de la COVID-19, le dévoilement a pris la forme d’une vidéo hommage. Eleanor Collins, âgée de 102 ans, y a elle-même témoigné en parlant de cette touchante reconnaissance.

Baleines en voie de disparition

Nous avons dévoilé un jeu de cinq timbres captivants sur les baleines, qui célébraient la beauté de la nature canadienne, tout en soulignant la nécessité de la préserver. Les vignettes mettaient en vedette cinq espèces dont les populations au pays sont désignées en voie de disparition :

• Le béluga (estuaire du Saint-Laurent, baie Cumberland et baie d’Ungava)
• Le rorqual bleu (Atlantique et Pacifique)
• L’épaulard (sud du Pacifique Nord-Est)
• La baleine noire de l’Atlantique Nord
• La baleine à bec commune (plateau néo-écossais)

Nous avons dévoilé ces vignettes en mai au Beaty Biodiversity Museum de l’Université de Colombie-Britannique, à Vancouver, en compagnie des élèves du club écologique de l’école primaire University Hill.

Dirigeants autochtones

Le 21 juin, à l’occasion de la Journée nationale des peuples autochtones, nous avons émis un jeu de timbres pour rendre hommage à la vie et à l’héritage de trois leaders qui ont eu une incidence importante sur leur communauté. Ces vignettes constituent le premier volet d’une nouvelle série.

Politicien, activiste, écrivain et acteur, Harry Daniels (1940-2004) joue un rôle clé dans la reconnaissance des Métis et des Indiens non inscrits au Canada comme étant des peuples autochtones visés par la Loi constitutionnelle de 1982 et des Indiens en vertu de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique, 1867.

Jose Kusugak (1950-2011) est un activiste, un linguiste et un communicateur inuit. On le considère comme un Père de la Confédération pour son rôle clé dans la création du Nunavut en 1999.

Le cheffe Marie-Anne Day Walker-Pelletier (née en 1954) passe près de 40 ans à la tête de la Première Nation d’Okanese. Aucune autre personne élue ayant dirigé une Première Nation au Canada n’exerce autant de mandats consécutifs qu’elle.

Nous avons dévoilé les timbres sur trois jours lors d’événements qui se sont tenus à Regina, à Rankin Inlet, au Nunavut, et à Fort Qu’Appelle, en Saskatchewan, respectivement.

Monique Mercure

Reconnue pour sa fougue, sa polyvalence et son jeu d’une puissante intensité, Monique Mercure (1930-2020) apparaît dans plus de 80 films et productions télévisées, et joue dans plus d’une centaine de pièces de théâtre. Elle est la première Canadienne à remporter le prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes pour son rôle marquant dans J.A. Martin photographe (1977). Tout au long de sa carrière, Monique Mercure reçoit de nombreux honneurs, dont deux prix Génie. Elle est nommée Officier de l’Ordre du Canada en 1979, puis Compagnon en 1993, en plus d’être reçue grande officière de l’Ordre national du Québec.

En novembre, le théâtre Rialto de Montréal réunissait des proches, des collègues et des membres du public de Monique Mercure pour le dévoilement du timbre. Performances en direct, hommages et anecdotes sur la grande dame de la scène et de l’écran du Québec étaient au programme.

Aide à l’Ukraine

Consciente de la générosité des Canadiens et des Canadiennes, Postes Canada a émis un timbre philanthropique qui permet à quiconque achète ou collectionne des timbres d’appuyer le peuple ukrainien et la crise humanitaire grandissante.

C’était la première fois que nous lancions un timbre pour soutenir un pays en besoin d’aide humanitaire. Les dons de 1 $ issus de la vente de chaque carnet de 10 timbres (et 10 cents du pli Premier Jour officiel, une enveloppe de collection spéciale) permettent de fournir une aide indispensable et de donner de l’espoir aux personnes touchées par cette situation. Les fonds recueillis par la vente de ce timbre sont distribués par l’entremise de la Fondation Canada-Ukraine.

Sur le timbre figure un tournesol, fleur nationale de l’Ukraine, et maintenant un symbole bien connu de paix et d’unité. La fleur jaune vif et le ciel bleu en arrière-plan représentent les couleurs du drapeau ukrainien.

La Série du siècle

Le 28 septembre 1972, environ 13 à 15 millions de personnes au Canada (sur 21 millions) regardent le huitième match de la légendaire Série du siècle.

Les gens de partout au pays se rassemblent dans leurs salons, au travail et dans les bars, ou s’entassent devant les téléviseurs en vente dans les grands magasins pour regarder la partie enlevante contre l’équipe nationale de l’Union soviétique. Pour l’occasion, des entreprises ferment même leurs portes. Le but gagnant de Paul Henderson à seulement 34 secondes de la fin de la rencontre déclenche des célébrations d’un océan à l’autre.

Le timbre a été dévoilé en septembre dans les médias sociaux dans une vidéo spéciale mettant en vedette des personnalités canadiennes qui racontent leurs souvenirs de ce moment historique. Le grand public a lui aussi contribué à la discussion en ligne.

Vérité et réconciliation

À l’occasion de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation le 30 septembre, nous avons lancé une nouvelle série de timbres afin de susciter sensibilisation et réflexion sur l’histoire tragique des pensionnats et le besoin de guérison et de réconciliation.

Pour l’émission de 2022, nous avons demandé à quatre artistes d’illustrer leur vision sur la vérité et la réconciliation. Voici un extrait de chaque artiste, qui explique sa création.

Jackie Traverse, artiste des Premières Nations (Lake St. Martin, Manitoba) – Anishinaabe, Ojibwée
« Cette illustration représente l’espoir du changement. [...] Au centre, le quatre-temps, notre fleur nationale non officielle, avec ses racines qui plongent vers le passé. Elle représente le Canada. »

Gayle Uyagaqi Kabloona, artiste inuk – Qamani’tuaq (Baker Lake, Nunavut)
« J’ai créé l’image d’une femme qui allume une kudlik, la lampe de pierre traditionnelle inuit servant à se réchauffer et à s’éclairer, ici symbole de compassion. Cette femme vit selon sa culture comme elle l’a toujours fait, guérissant et prenant soin d’elle-même et des autres. »

Kim Gullion Stewart, artiste métisse – Athabasca, Alberta (vit actuellement à Pinantan Lake, en Colombie-Britannique)
« Bien que les cartes comme celle-ci constituent une archive bidimensionnelle de lieux et de processus historiques, elles sont incomplètes jusqu’à ce qu’elles intègrent des éléments importants pour les peuples indigènes du continent. »

Blair Thomson, artiste et designer
« L’illustration présente des mains superposées à un visage humain. Ces mains représentent deux points de vue : celui des peuples autochtones, qui couvrent leur visage de tristesse, de douleur et de souvenirs, et celui des colons, qui masquent la réalité et leur honte. »

Les timbres ont été dévoilés dans le cadre d’un événement en ligne organisé par le Centre national pour la vérité et la réconciliation. Des élèves du secondaire de partout au pays y ont participé.

Tommy Prince

Le sergent Thomas (Tommy) George Prince, M.M. (1915-1977) est l’un des anciens combattants autochtones les plus décorés au Canada et un grand militant anishinaabe.

Il reçoit 11 médailles, y compris la Médaille militaire et la Silver Star (États-Unis), pour son service lors de la Seconde Guerre mondiale et la guerre de Corée. Il est reconnu pour son talent de pisteur et de tireur, ses techniques furtives et son sang-froid. Il se fait même passer pour un cultivateur en train de désherber les champs pour aller réparer – sous le regard des soldats allemands – la ligne de communication lui servant à rapporter les positions de l’ennemi. Après la Seconde Guerre mondiale, il devient vice-président de la Manitoba Indian Association. À ce titre, il se prononce en faveur de l’abolition de la Loi sur les Indiens et exige le respect des traités existants.

Le timbre est orné d’une photo de Tommy Prince en uniforme de la guerre de Corée, ainsi que d’aurores boréales symbolisant le ciel de la nation des Ojibway Brokenhead, où le militaire a été élevé. Nous l’avons dévoilé au Musée canadien pour les droits de la personne de Winnipeg, lors d’une cérémonie à laquelle ont assisté plusieurs anciens combattants autochtones et Tommy Prince fils.

Bannière photo en haut : Michèle Mercure participe au dévoilement du timbre consacré à sa mère, Monique Mercure, au théâtre Rialto, à Montréal, en novembre 2022.